Saint Miliau et son fils Saint Mélar
Sant Milio hag e vab sant Melar, Sant an troad kleiz en arem hag an dorn dehou en arc’hant.
Saint Miliau et son fils Saint Mélar, saint au pied gauche en airain et la main droite en argent.
Budic, roi de Cornouaille a deux fils, l’aîné, Miliau dont le règne selon la tradition, d’une durée de 7 ans (531-538) est pour son pays une période d’abondance et de prospérité « Pendant tout ce temps ,lit-on, dans la vie de St Mélar, on ne vit en ce pays ni grêle ni neige ni pluie ni froid glacial en hiver ni chaleur ardente en été, mais toujours une douce température et une fraîche rosée qui arrosant copieusement la terre lui donna une fertilité sans pareille dont tous les pays voisins étaient jaloux »
Miliau ou Meliau est aimé de son peuple. Mais une querelle, dont la cause demeure obscure s’élève entre son frère plus jeune, Rivod et lui. Saint Gwénolé meurt en 532, Saint Corentin ne lui survit guère. « Les grandes vertus disparaissaient.
"Le règne des ténèbres et des crimes allait commencer" écrit A de la Borderie. Rivod, fou de colère, porte à son frère un coup mortel. Miliau laisse un fils Mélar, héritier de son père dans la principauté de Cornouaille. Il n’a que 7 ans et son oncle Rivod assure la régence. Ce dernier désire transformer ce pouvoir temporaire en un pouvoir définitif ; un obstacle, la vie de Mélar.
Dans une assemblée de notables civils et religieux réunis après la mort de son père, Miliau, pour régler les affaires du pays, se laisse imprudemment percer l’ effroyable dessein de Rivod. Devant l’indignation générale , celui-ci donne libre cours aux exigences de son ambition maléfique en faisant couper le pied gauche et la main droite de son neveu. Ainsi mutilé, Mélar ne peut plus tenir le glaive et monter à cheval. En pareil état, le jeune héritier ne pourra sûrement pas régner, le but recherché est atteint. Rivod feint l’indignation et fait exécuter les criminels.
La tutelle de Mélar est confiée par l’assemblée des chefs à l’évêque de Cornouaille et à un gouverneur laïc, Kerialtan. " Une prothèse d’un pied d’airain et d’une main d’argent dont il arrive à se servir habilement rend à Mélar quelque capacité " dit-on.
A. de la Borderie écrit :
"Sans doute les bourreaux chargés de cette exécution, gagnés à prix d’argent ou touchés de pitié, avaient épargné la victime et trompé le client ".
Amoindri, incapable de succéder à son père,le jeune Mélar tourne toutes ses pensées vers l’héritage céleste et se livre à des exercices de piété rappelant son père Miliau. Cette bonne renommée du jeune prince parvient aux oreilles de Rivod qui laisse monter en lui de vifs sentiments de haine et songe à se débarrasser définitivement de son neveu. Il parvient à corrompre le gouverneur Kerialtan dont les scrupules s’évanouissent devant la promesse de recevoir pour lui et ses héritiers tout le pays qu’il apercevra du sommet de la plus haute montagne de Cornouaille.
Avant l’accord définitif, Kerialtan juge préférable d’avoir l’assentiment de sa femme qui l’encourage. Il emmène avec lui Justan, son fils. Huit jours, ils demeurent près de Rivod pour débattre de tous les détails. Mais sa femme, contemplant « l’angélique adolescent » et l’imaginant mort avec son aide, prise de remords, décide de mettre le prince en sûreté.